Cela faisait à peine quelques jours qu’elle venait d’arriver dans cette école. Il n’était pas facile de s’intégrer dans un quelconque groupe quand on débarquait en plein milieu d’un trimestre, il y avait tout un tas de cours à rattraper, de notes à recopier avant de les étudier pour en comprendre le sujet et aussi tout un tas de travaux qu’Angelique avait proposé de rendre pour la fin du mois. Bref, la jeune femme n’avait pas vraiment le temps de se faire des amis, trop occupée à mettre à jour les cours qu’elle avait manqué. Certains garçons de sa classe n’étaient que trop heureux de lui donner leurs notes mais Angelique n’en profitait pas, préférant les envoyer gentiment sur les roses et s’adresser aux filles.
La jeune femme avait perdu toute confiance aux hommes, et cela dans tous les domaines, depuis sa dernière romance. Bien sûr, comme toute jeune fille, elle s’était montrée naïve et quelque peu fleur bleue mais la manière dont son histoire s’était terminée l’avait complètement guérie des hommes. Son père n’avait jamais été à la hauteur quand elle était enfant mais elle avait gardé espoir dans la gente masculine, se convaincant que tous les hommes n’étaient pas si mauvais… Jusqu’à ce qu’on lui ouvre brutalement les yeux. Cela ne s’était pas fait sans peine ni douleur mais elle avait survécu et surmonté l’épreuve. A présent, elle pouvait fréquenter les garçons mais ne leur accordait plus la moindre parcelle de confiance. Elle regrettait d’ailleurs de ne pas être attirée pas les filles, au moins cela lui aurait évité d’avoir à souffrir à cause des hommes qu’elle avait croisé, mais bon… elle avait été faite hétérosexuelle et elle le resterait jusqu’à sa mort, autant donc ne pas s’attarder sur le sujet.
Aujourd’hui, comme chaque jour depuis presque un mois, elle courait en tous sens pour compléter ses notes. Le travail qu’elle abordait en ce jour, portait sur le sujet d’une pièce de théâtre mise en scène et jouée par le club d’hôtes. N’ayant pu glaner que les commentaires béats d’une foule d’admirateurs et admiratrices, elle n’en connaissait cependant toujours pas le sujet. Elle décida donc de dépasser ses préjugés et de se rendre directement chez les concernés mais elle préférait tout d’abord faire un détour par la salle de théâtre pour en connaître l’environnement.
C’était assez délicat, elle ne prêtait pas vraiment attention au programme du club d’hôtes et ne savait donc pas si une pièce se jouerait prochainement auquel cas, les hôtes seraient probablement en répétition mais elle s’y rendit tout de même. La porte de la salle était magnifiquement ouvragée mais d’une lourdeur impressionnante, comme si elle était chargée de garder un monde merveilleux accessible uniquement pour quelques élus. Passant cette lourde porte, la taille de la salle la stupéfia. Il devait y avoir plusieurs dizaines de rangées de sièges sans compter les balcons. La taille de la scène devait sans doute permettre la mise en scène d’un décor tout entier et en contrebas, un espace semblait avoir été prévu pour un petit orchestre.
Presque religieusement, elle avança, descendit les escaliers jusqu’à se trouver au pied de la scène et se retourna pour voir la salle du point de vue des acteurs… Elle imagina la salle bondée et en eut le souffle coupé net…
« Comment peuvent-ils jouer sur scène en face de tant de personnes ? » murmura-t-elle presque tétanisée de stress en imaginant les acteurs devant leur public.
Vous avez remarqué qu’il y a des endroits où l’on baisse respectueusement la voix, comme les musées ou les églises par exemple ? Alors qu’elle se posait la question, une voix la fit sursauter.
« Ho… Heu pardon, je ne savais pas qu’il y avait quelqu’un. » s’excusa-t-elle presque immédiatement.